Les sacrificateurs de Dieu

Job 23-32

Job 23
23.1
Job prit la parole et dit:
23.2
Maintenant encore ma plainte est une révolte, Mais la souffrance étouffe mes soupirs.
23.3
Oh! si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu'à son trône,
23.4
Je plaiderais ma cause devant lui, Je remplirais ma bouche d'arguments,
23.5
Je connaîtrais ce qu'il peut avoir à répondre, Je verrais ce qu'il peut avoir à me dire.
23.6
Emploierait-il toute sa force à me combattre? Ne daignerait-il pas au moins m'écouter?
23.7
Ce serait un homme droit qui plaiderait avec lui, Et je serais pour toujours absous par mon juge.
23.8
Mais, si je vais à l'orient, il n'y est pas; Si je vais à l'occident, je ne le trouve pas;
23.9
Est-il occupé au nord, je ne puis le voir; Se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir.
23.10
Il sait néanmoins quelle voie j'ai suivie; Et, s'il m'éprouvait, je sortirais pur comme l'or.
23.11
Mon pied s'est attaché à ses pas; J'ai gardé sa voie, et je ne m'en suis point détourné.
23.12
Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres; J'ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.
23.13
Mais sa résolution est arrêtée; qui s'y opposera? Ce que son âme désire, il l'exécute.
23.14
Il accomplira donc ses desseins à mon égard, Et il en concevra bien d'autres encore.
23.15
Voilà pourquoi sa présence m'épouvante; Quand j'y pense, j'ai peur de lui.
23.16
Dieu a brisé mon courage, Le Tout Puissant m'a rempli d'effroi.
23.17
Car ce ne sont pas les ténèbres qui m'anéantissent, Ce n'est pas l'obscurité dont je suis couvert.
Job 24
24.1
Pourquoi le Tout Puissant ne met-il pas des temps en réserve, Et pourquoi ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours?
24.2
On déplace les bornes, On vole des troupeaux, et on les fait paître;
24.3
On enlève l'âne de l'orphelin, On prend pour gage le boeuf de la veuve;
24.4
On repousse du chemin les indigents, On force tous les malheureux du pays à se cacher.
24.5
Et voici, comme les ânes sauvages du désert, Ils sortent le matin pour chercher de la nourriture, Ils n'ont que le désert pour trouver le pain de leurs enfants;
24.6
Ils coupent le fourrage qui reste dans les champs, Ils grappillent dans la vigne de l'impie;
24.7
Ils passent la nuit dans la nudité, sans vêtement, Sans couverture contre le froid;
24.8
Ils sont percés par la pluie des montagnes, Et ils embrassent les rochers comme unique refuge.
24.9
On arrache l'orphelin à la mamelle, On prend des gages sur le pauvre.
24.10
Ils vont tout nus, sans vêtement, Ils sont affamés, et ils portent les gerbes;
24.11
Dans les enclos de l'impie ils font de l'huile, Ils foulent le pressoir, et ils ont soif;
24.12
Dans les villes s'exhalent les soupirs des mourants, L'âme des blessés jette des cris... Et Dieu ne prend pas garde à ces infamies!
24.13
D'autres sont ennemis de la lumière, Ils n'en connaissent pas les voies, Ils n'en pratiquent pas les sentiers.
24.14
L'assassin se lève au point du jour, Tue le pauvre et l'indigent, Et il dérobe pendant la nuit.
24.15
L'oeil de l'adultère épie le crépuscule; Personne ne me verra, dit-il, Et il met un voile sur sa figure.
24.16
La nuit ils forcent les maisons, Le jour ils se tiennent enfermés; Ils ne connaissent pas la lumière.
24.17
Pour eux, le matin c'est l'ombre de la mort, Ils en éprouvent toutes les terreurs.
24.18
Eh quoi! l'impie est d'un poids léger sur la face des eaux, Il n'a sur la terre qu'une part maudite, Il ne prend jamais le chemin des vignes!
24.19
Comme la sécheresse et la chaleur absorbent les eaux de la neige, Ainsi le séjour des morts engloutit ceux qui pèchent!
24.20
Quoi! le sein maternel l'oublie, Les vers en font leurs délices, On ne se souvient plus de lui! L'impie est brisé comme un arbre,
24.21
Lui qui dépouille la femme stérile et sans enfants, Lui qui ne répand aucun bienfait sur la veuve!...
24.22
Non! Dieu par sa force prolonge les jours des violents, Et les voilà debout quand ils désespéraient de la vie;
24.23
Il leur donne de la sécurité et de la confiance, Il a les regards sur leurs voies.
24.24
Ils se sont élevés; et en un instant ils ne sont plus, Ils tombent, ils meurent comme tous les hommes, Ils sont coupés comme la tête des épis.
24.25
S'il n'en est pas ainsi, qui me démentira, Qui réduira mes paroles à néant?
Job 25
25.1
Bildad de Schuach prit la parole et dit:
25.2
La puissance et la terreur appartiennent à Dieu; Il fait régner la paix dans ses hautes régions.
25.3
Ses armées ne sont-elles pas innombrables? Sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas?
25.4
Comment l'homme serait-il juste devant Dieu? Comment celui qui est né de la femme serait-il pur?
25.5
Voici, la lune même n'est pas brillante, Et les étoiles ne sont pas pures à ses yeux;
25.6
Combien moins l'homme, qui n'est qu'un ver, Le fils de l'homme, qui n'est qu'un vermisseau!
Job 26
26.1
Job prit la parole et dit:
26.2
Comme tu sais bien venir en aide à la faiblesse! Comme tu prêtes secours au bras sans force!
26.3
Quels bons conseils tu donnes à celui qui manque d'intelligence! Quelle abondance de sagesse tu fais paraître!
26.4
A qui s'adressent tes paroles? Et qui est-ce qui t'inspire?
26.5
Devant Dieu les ombres tremblent Au-dessous des eaux et de leurs habitants;
26.6
Devant lui le séjour des morts est nu, L'abîme n'a point de voile.
26.7
Il étend le septentrion sur le vide, Il suspend la terre sur le néant.
26.8
Il renferme les eaux dans ses nuages, Et les nuages n'éclatent pas sous leur poids.
26.9
Il couvre la face de son trône, Il répand sur lui sa nuée.
26.10
Il a tracé un cercle à la surface des eaux, Comme limite entre la lumière et les ténèbres.
26.11
Les colonnes du ciel s'ébranlent, Et s'étonnent à sa menace.
26.12
Par sa force il soulève la mer, Par son intelligence il en brise l'orgueil.
26.13
Son souffle donne au ciel la sérénité, Sa main transperce le serpent fuyard.
26.14
Ce sont là les bords de ses voies, C'est le bruit léger qui nous en parvient; Mais qui entendra le tonnerre de sa puissance?
Job 27
27.1
Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit:
27.2
Dieu qui me refuse justice est vivant! Le Tout Puissant qui remplit mon âme d'amertume est vivant!
27.3
Aussi longtemps que j'aurai ma respiration, Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
27.4
Mes lèvres ne prononceront rien d'injuste, Ma langue ne dira rien de faux.
27.5
Loin de moi la pensée de vous donner raison! Jusqu'à mon dernier soupir je défendrai mon innocence;
27.6
Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas; Mon coeur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.
27.7
Que mon ennemi soit comme le méchant, Et mon adversaire comme l'impie!
27.8
Quelle espérance reste-t-il à l'impie, Quand Dieu coupe le fil de sa vie, Quand il lui retire son âme?
27.9
Est-ce que Dieu écoute ses cris, Quand l'angoisse vient l'assaillir?
27.10
Fait-il du Tout Puissant ses délices? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu?
27.11
Je vous enseignerai les voies de Dieu, Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout Puissant.
27.12
Mais vous les connaissez, et vous êtes d'accord; Pourquoi donc vous laisser aller à de vaines pensées?
27.13
Voici la part que Dieu réserve au méchant, L'héritage que le Tout Puissant destine à l'impie.
27.14
S'il a des fils en grand nombre, c'est pour le glaive, Et ses rejetons manquent de pain;
27.15
Ceux qui échappent sont enterrés par la peste, Et leurs veuves ne les pleurent pas.
27.16
S'il amasse l'argent comme la poussière, S'il entasse les vêtements comme la boue,
27.17
C'est lui qui entasse, mais c'est le juste qui se revêt, C'est l'homme intègre qui a l'argent en partage.
27.18
Sa maison est comme celle que bâtit la teigne, Comme la cabane que fait un gardien.
27.19
Il se couche riche, et il meurt dépouillé; Il ouvre les yeux, et tout a disparu.
27.20
Les terreurs le surprennent comme des eaux; Un tourbillon l'enlève au milieu de la nuit.
27.21
Le vent d'orient l'emporte, et il s'en va; Il l'arrache violemment de sa demeure.
27.22
Dieu lance sans pitié des traits contre lui, Et le méchant voudrait fuir pour les éviter.
27.23
On bat des mains à sa chute, Et on le siffle à son départ.
Job 28
28.1
Il y a pour l'argent une mine d'où on le fait sortir, Et pour l'or un lieu d'où on l'extrait pour l'affiner;
28.2
Le fer se tire de la poussière, Et la pierre se fond pour produire l'airain.
28.3
L'homme fait cesser les ténèbres; Il explore, jusque dans les endroits les plus profonds, Les pierres cachées dans l'obscurité et dans l'ombre de la mort.
28.4
Il creuse un puits loin des lieux habités; Ses pieds ne lui sont plus en aide, Et il est suspendu, balancé, loin des humains.
28.5
La terre, d'où sort le pain, Est bouleversée dans ses entrailles comme par le feu.
28.6
Ses pierres contiennent du saphir, Et l'on y trouve de la poudre d'or.
28.7
L'oiseau de proie n'en connaît pas le sentier, L'oeil du vautour ne l'a point aperçu;
28.8
Les plus fiers animaux ne l'ont point foulé, Le lion n'y a jamais passé.
28.9
L'homme porte sa main sur le roc, Il renverse les montagnes depuis la racine;
28.10
Il ouvre des tranchées dans les rochers, Et son oeil contemple tout ce qu'il y a de précieux;
28.11
Il arrête l'écoulement des eaux, Et il produit à la lumière ce qui est caché.
28.12
Mais la sagesse, où se trouve-t-elle? Où est la demeure de l'intelligence?
28.13
L'homme n'en connaît point le prix; Elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.
28.14
L'abîme dit: Elle n'est point en moi; Et la mer dit: Elle n'est point avec moi.
28.15
Elle ne se donne pas contre de l'or pur, Elle ne s'achète pas au poids de l'argent;
28.16
Elle ne se pèse pas contre l'or d'Ophir, Ni contre le précieux onyx, ni contre le saphir;
28.17
Elle ne peut se comparer à l'or ni au verre, Elle ne peut s'échanger pour un vase d'or fin.
28.18
Le corail et le cristal ne sont rien auprès d'elle: La sagesse vaut plus que les perles.
28.19
La topaze d'Éthiopie n'est point son égale, Et l'or pur n'entre pas en balance avec elle.
28.20
D'où vient donc la sagesse? Où est la demeure de l'intelligence?
28.21
Elle est cachée aux yeux de tout vivant, Elle est cachée aux oiseaux du ciel.
28.22
Le gouffre et la mort disent: Nous en avons entendu parler.
28.23
C'est Dieu qui en sait le chemin, C'est lui qui en connaît la demeure;
28.24
Car il voit jusqu'aux extrémités de la terre, Il aperçoit tout sous les cieux.
28.25
Quand il régla le poids du vent, Et qu'il fixa la mesure des eaux,
28.26
Quand il donna des lois à la pluie, Et qu'il traça la route de l'éclair et du tonnerre,
28.27
Alors il vit la sagesse et la manifesta, Il en posa les fondements et la mit à l'épreuve.
28.28
Puis il dit à l'homme: Voici, la crainte du Seigneur, c'est la sagesse; S'éloigner du mal, c'est l'intelligence.
Job 29
29.1
Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit:
29.2
Oh! que ne puis-je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,
29.3
Quand sa lampe brillait sur ma tête, Et que sa lumière me guidait dans les ténèbres!
29.4
Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente,
29.5
Quand le Tout Puissant était encore avec moi, Et que mes enfants m'entouraient;
29.6
Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile!
29.7
Si je sortais pour aller à la porte de la ville, Et si je me faisais préparer un siège dans la place,
29.8
Les jeunes gens se retiraient à mon approche, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
29.9
Les princes arrêtaient leurs discours, Et mettaient la main sur leur bouche;
29.10
La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.
29.11
L'oreille qui m'entendait me disait heureux, L'oeil qui me voyait me rendait témoignage;
29.12
Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
29.13
La bénédiction du malheureux venait sur moi; Je remplissais de joie le coeur de la veuve.
29.14
Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
29.15
J'étais l'oeil de l'aveugle Et le pied du boiteux.
29.16
J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu;
29.17
Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
29.18
Alors je disais: Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront abondants comme le sable;
29.19
L'eau pénétrera dans mes racines, La rosée passera la nuit sur mes branches;
29.20
Ma gloire reverdira sans cesse, Et mon arc rajeunira dans ma main.
29.21
On m'écoutait et l'on restait dans l'attente, On gardait le silence devant mes conseils.
29.22
Après mes discours, nul ne répliquait, Et ma parole était pour tous une bienfaisante rosée;
29.23
Ils comptaient sur moi comme sur la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie du printemps.
29.24
Je leur souriais quand ils perdaient courage, Et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front.
29.25
J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.
Job 30
30.1
Et maintenant!... je suis la risée de plus jeunes que moi, De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau.
30.2
Mais à quoi me servirait la force de leurs mains? Ils sont incapables d'atteindre la vieillesse.
30.3
Desséchés par la misère et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps abandonnés et déserts;
30.4
Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n'ont pour pain que la racine des genêts.
30.5
On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs.
30.6
Ils habitent dans d'affreuses vallées, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers;
30.7
Ils hurlent parmi les buissons, Ils se rassemblent sous les ronces.
30.8
Etres vils et méprisés, On les repousse du pays.
30.9
Et maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos.
30.10
Ils ont horreur de moi, ils se détournent, Ils me crachent au visage.
30.11
Ils n'ont plus de retenue et ils m'humilient, Ils rejettent tout frein devant moi.
30.12
Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine;
30.13
Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux à qui personne ne viendrait en aide;
30.14
Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les craquements.
30.15
Les terreurs m'assiègent; Ma gloire est emportée comme par le vent, Mon bonheur a passé comme un nuage.
30.16
Et maintenant, mon âme s'épanche en mon sein, Les jours de la souffrance m'ont saisi.
30.17
La nuit me perce et m'arrache les os, La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos,
30.18
Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme, Il se colle à mon corps comme ma tunique.
30.19
Dieu m'a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre.
30.20
Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas; Je me tiens debout, et tu me lances ton regard.
30.21
Tu deviens cruel contre moi, Tu me combats avec la force de ta main.
30.22
Tu mu soulèves, tu mu fais voler au-dessus du vent, Et tu m'anéantis au bruit de la tempête.
30.23
Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au rendez-vous de tous les vivants.
30.24
Mais celui qui va périr n'étend-il pas les mains? Celui qui est dans le malheur n'implore-t-il pas du secours?
30.25
N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné? Mon coeur n'avait-il pas pitié de l'indigent?
30.26
J'attendais le bonheur, et le malheur est arrivé; J'espérais la lumière, et les ténèbres sont venues.
30.27
Mes entrailles bouillonnent sans relâche, Les jours de la calamité m'ont surpris.
30.28
Je marche noirci, mais non par le soleil; Je me lève en pleine assemblée, et je crie.
30.29
Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.
30.30
Ma peau noircit et tombe, Mes os brûlent et se dessèchent.
30.31
Ma harpe n'est plus qu'un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs.
Job 31
31.1
J'avais fait un pacte avec mes yeux, Et je n'aurais pas arrêté mes regards sur une vierge.
31.2
Quelle part Dieu m'eût-il réservée d'en haut? Quel héritage le Tout Puissant m'eût-il envoyé des cieux?
31.3
La ruine n'est-elle pas pour le méchant, Et le malheur pour ceux qui commettent l'iniquité?
31.4
Dieu n'a-t-il pas connu mes voies? N'a-t-il pas compté tous mes pas?
31.5
Si j'ai marché dans le mensonge, Si mon pied a couru vers la fraude,
31.6
Que Dieu me pèse dans des balances justes, Et il reconnaîtra mon intégrité!
31.7
Si mon pas s'est détourné du droit chemin, Si mon coeur a suivi mes yeux, Si quelque souillure s'est attachée à mes mains,
31.8
Que je sème et qu'un autre moissonne, Et que mes rejetons soient déracinés!
31.9
Si mon coeur a été séduit par une femme, Si j'ai fait le guet à la porte de mon prochain,
31.10
Que ma femme tourne la meule pour un autre, Et que d'autres la déshonorent!
31.11
Car c'est un crime, Un forfait que punissent les juges;
31.12
C'est un feu qui dévore jusqu'à la ruine, Et qui aurait détruit toute ma richesse.
31.13
Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante Lorsqu'ils étaient en contestation avec moi,
31.14
Qu'ai-je à faire, quand Dieu se lève? Qu'ai-je à répondre, quand il châtie?
31.15
Celui qui m'a créé dans le ventre de ma mère ne l'a-t-il pas créé? Le même Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel?
31.16
Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils demandaient, Si j'ai fait languir les yeux de la veuve,
31.17
Si j'ai mangé seul mon pain, Sans que l'orphelin en ait eu sa part,
31.18
Moi qui l'ai dès ma jeunesse élevé comme un père, Moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve;
31.19
Si j'ai vu le malheureux manquer de vêtements, L'indigent n'avoir point de couverture,
31.20
Sans que ses reins m'aient béni, Sans qu'il ait été réchauffé par la toison de mes agneaux;
31.21
Si j'ai levé la main contre l'orphelin, Parce que je me sentais un appui dans les juges;
31.22
Que mon épaule se détache de sa jointure, Que mon bras tombe et qu'il se brise!
31.23
Car les châtiments de Dieu m'épouvantent, Et je ne puis rien devant sa majesté.
31.24
Si j'ai mis dans l'or ma confiance, Si j'ai dit à l'or: Tu es mon espoir;
31.25
Si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, De la quantité des richesses que j'avais acquises;
31.26
Si j'ai regardé le soleil quand il brillait, La lune quand elle s'avançait majestueuse,
31.27
Et si mon coeur s'est laissé séduire en secret, Si ma main s'est portée sur ma bouche;
31.28
C'est encore un crime que doivent punir les juges, Et j'aurais renié le Dieu d'en haut!
31.29
Si j'ai été joyeux du malheur de mon ennemi, Si j'ai sauté d'allégresse quand les revers l'ont atteint,
31.30
Moi qui n'ai pas permis à ma langue de pécher, De demander sa mort avec imprécation;
31.31
Si les gens de ma tente ne disaient pas: Où est celui qui n'a pas été rassasié de sa viande?
31.32
Si l'étranger passait la nuit dehors, Si je n'ouvrais pas ma porte au voyageur;
31.33
Si, comme les hommes, j'ai caché mes transgressions, Et renfermé mes iniquités dans mon sein,
31.34
Parce que j'avais peur de la multitude, Parce que je craignais le mépris des familles, Me tenant à l'écart et n'osant franchir ma porte...
31.35
Oh! qui me fera trouver quelqu'un qui m'écoute? Voilà ma défense toute signée: Que le Tout Puissant me réponde! Qui me donnera la plainte écrite par mon adversaire?
31.36
Je porterai son écrit sur mon épaule, Je l'attacherai sur mon front comme une couronne;
31.37
Je lui rendrai compte de tous mes pas, Je m'approcherai de lui comme un prince.
31.38
Si ma terre crie contre moi, Et que ses sillons versent des larmes;
31.39
Si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payée, Et que j'aie attristé l'âme de ses anciens maîtres;
31.40
Qu'il y croisse des épines au lieu de froment, Et de l'ivraie au lieu d'orge! Fin des paroles de Job.
Job 32
32.1
Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu'il se regardait comme juste.
32.2
Alors s'enflamma de colère Élihu, fils de Barakeel de Buz, de la famille de Ram. Sa colère s'enflamma contre Job, parce qu'il se disait juste devant Dieu.
32.3
Et sa colère s'enflamma contre ses trois amis, parce qu'ils ne trouvaient rien à répondre et que néanmoins ils condamnaient Job.
32.4
Comme ils étaient plus âgés que lui, Élihu avait attendu jusqu'à ce moment pour parler à Job.
32.5
Mais, voyant qu'il n'y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, Élihu s'enflamma de colère.
32.6
Et Élihu, fils de Barakeel de Buz, prit la parole et dit: Je suis jeune, et vous êtes des vieillards; C'est pourquoi j'ai craint, j'ai redouté De vous faire connaître mon sentiment.
32.7
Je disais en moi-même: Les jours parleront, Le grand nombre des années enseignera la sagesse.
32.8
Mais en réalité, dans l'homme, c'est l'esprit, Le souffle du Tout Puissant, qui donne l'intelligence;
32.9
Ce n'est pas l'âge qui procure la sagesse, Ce n'est pas la vieillesse qui rend capable de juger.
32.10
Voilà pourquoi je dis: Écoute! Moi aussi, j'exposerai ma pensée.
32.11
J'ai attendu la fin de vos discours, J'ai suivi vos raisonnements, Votre examen des paroles de Job.
32.12
Je vous ai donné toute mon attention; Et voici, aucun de vous ne l'a convaincu, Aucun n'a réfuté ses paroles.
32.13
Ne dites pas cependant: En lui nous avons trouvé la sagesse; C'est Dieu qui peut le confondre, ce n'est pas un homme!
32.14
Il ne s'est pas adressé directement à moi: Aussi lui répondrai-je tout autrement que vous.
32.15
Ils ont peur, ils ne répondent plus! Ils ont la parole coupée!
32.16
J'ai attendu qu'ils eussent fini leurs discours, Qu'ils s'arrêtassent et ne sussent que répliquer.
32.17
A mon tour, je veux répondre aussi, Je veux dire aussi ce que je pense.
32.18
Car je suis plein de paroles, L'esprit me presse au dedans de moi;
32.19
Mon intérieur est comme un vin qui n'a pas d'issue, Comme des outres neuves qui vont éclater.
32.20
Je parlerai pour respirer à l'aise, J'ouvrirai mes lèvres et je répondrai.
32.21
Je n'aurai point égard à l'apparence, Et je ne flatterai personne;
32.22
Car je ne sais pas flatter: Mon créateur m'enlèverait bien vite.

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